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DE LA RECHERCHE A LA FORMATION

Nous avons créé ce blog dans l'intention de faire connaître les travaux de recherche en didactique de la géographie. Notre objectif est également de participer au renouveau de cette discipline, du point de vue de ses méthodes, de ses contenus et de ses outils. Plus globalement nous espérons que ce site permettra d'alimenter les débats et les réflexions sur l'enseignement de l'histoire-géographie, de l'école à l'université. (voir notre manifeste)

vendredi 19 janvier 2018

Compte rendu d'ouvrage

Audigier F., Sgard A. et Tutiaux-Guillon N., Sciences de la nature et de la société. Fragmentation, recomposition, nouvelles alliances ? Paris : De Boeck, 2015.


Auteur du CR : Caroline Leininger-Frézal

Cet ouvrage collectif questionne différentes disciplines scolaires issues des sciences sociales et des sciences de la nature, dans différents contextes éducatifs francophones (France, Suisse, Belgique, Canada). Sur les 13 chapitres que comptent l’ouvrage (introduction et conclusion inclus), 7 sont spécifiquement dédiés aux sciences humaines et sociales (histoire, géographie, éducation à la citoyenneté). Le sommaire de l'ouvrage est disponible ici.  

L’unité de l’ouvrage réside dans l’exploration des « recompositions » des disciplines scolaires. Une recomposition est définie comme « un changement systématique contraignant la discipline à réajuster ces composantes pour trouver un nouvel équilibre » (p. 10). Deux types de recompositions sont envisagés : les « recompositions internes » qui s’opèrent au sein d’un même domaine de connaissance (sciences sociales ou sciences de la nature) et les « recompositions externes » qui « interroge[nt] les relations entre les deux domaines » (ibidem). Cette notion a une forte valeur heuristique. Le terme est appliqué à des travaux de recherche dont une partie au moins a déjà été publiée. Il s’agit donc d’une relecture de travaux de recherche antérieurs, plus que de recherches inédites. Les recherches sur les « éducation à » (surtout en EDD et en EC) sont en effet remobilisées mais dans un objectif un peu différent : pas seulement pour dépasser le clivage traditionnel sciences de la nature/ sciences de la société mais pour interroger des démarches et des dispositifs transversaux dans une école elle-même en mutation.

La notion de « recomposition » permet d’interroger les évolutions du contenu et des finalités du curriculum prescrit de ces disciplines. François Audigier (chapitre 3) interroge par exemple l’impact de l’introduction de l’approche par compétences sur les curriculums de l’univers social. David Lefrançois et Marc-André Ethier questionnent (chapitre 6) les évolutions des finalités civiques et citoyennes de l’enseignement de l’histoire.

La notion de recomposition permet aussi de questionner les pratiques d’enseignement. Sylvain Doussot (chapitre 12) analyse la mise en œuvre de débats en classe de géographie à partir d’observations et les modèles de référence sous-jacents à ces pratiques.

Ce type de questionnement a déjà été abordé par le biais d’autres concepts comme celui de paradigme (Tutiaux-Guillon, 2004), de conscience disciplinaire, etc., ce que souligne Anne Sgard dans son chapitre conclusif. La spécificité de la notion de recomposition est de permettre d’aborder des objets disciplinaires et « transdisciplinaires » - au-delà de la discipline - comme les questions socialement vives (chapitre 11), les controverses publiques (chapitre 9), la pensée complexe (chapitre 10) et les « éducation à » (chapitre 2). C’est ce qui fait la richesse du questionnement abordé dans l’ouvrage et constitue paradoxalement aussi la faiblesse de la notion de recomposition qui n’est pas stabilisée. Le terme s’applique à des contextes, des objets, des niveaux d’analyse très différents. Anne Sgard expose avec une claire honnêteté les limites de la notion dans le dernier chapitre. La question semble moins porter sur les délimitations et les frontières entre les disciplines que sur leurs articulations entre elles et entre ce qui peut ou doit s’enseigner et ce qui se discute, ce qui est en débat dans la société. 


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